mardi 15 mars 2011
Folie pré-supposée
Au premier regard face à une sculpture de Franz Xavier Messerschimdt, le spectateur peut immédiatement penser que son travail se place au coeur des derniers siècles contemporains. Un autre visage de l'histoire de la sculpture se dévoile lorsque le cartel placé sur le socle de chaque buste indique "sculpteur viennois du XVIIeme siècle". Loin d'être une erreur venant du comissaire de l'exposition, bien au contraire, au plus grand plaisir de chacun, les poses hiératiques royales d'un réalisme parfois trop conservateurs ne sont pas les seules à reigner dans la somptueuse et cruelle Vienne impériale.
Bien que Messerschmidt excéla à modeler l'impératrice Marie-Thérèse, son incroyable créativité reste enfermée derrière ses ciseaux. Pourvu d'un sens de l'observation hors normes et d'une faculté à rendre parfaitement les moindres détails d'une physionomie complexe, c'est cette précision sans pareille qui lui vaudra censure. En effet, en ce 30 ocobre 1774 la comission de l'Académie Royale de Vienne décida que ses apparents troubles mentaux liés à une imagination excessivement morbide lui vaudront sa place d'enseignement qu'il occupait depuis plus de cinq années. Il en fallut peu pour que le génie de Messerschmidt sorte enfin de sa cage, avec en poche une maigre rente pourvu à sa survie sans causer d'ennuis à la prestigieuse Académie, il se lança alors au coeur d'une mission artistique individuelle.
Dépourvu de comission, Messerschmidt attaque ainsi une production effrénée d'expressions faciales, pour la plupart sculptées dans le bronze, réalisées à l'aide d'un miroir. Peu importe si ce fût le résultat d'un hypernarcissisme poussé, une obsession pour la physionomie, une folie maladive, une paranoïa exagérée ou une certaine aliénation, l'artiste emblématique viennois représente une figure extravertie se dressant contre les conventions ultra-conservatrices et codifiées de son temps. C'est ainsi que sont nées les incroyables têtes d'expressions qui lui valent aujourd'hui une postérité largement méritée.
Sans même complètement savoir si elles furent le résultat d'une recherche de profondeur psychologique, l'inépuisable quantité de description faciales qui furent crées sous sa main se trouvent alors au coeur d'une mélodie de l'âme sans précédent dans l'histoire de l'art. Rongé par la folie ou non, perclu par la douleur ou non, Messerschmidt a construit une oeuvre d'une originalité dont la rencontre fait instantanément prendre toute la mesure au spectateur qui la confronte de la profondeur et la grande diversité du charactère humain, chapeau bas.
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"ses apparents troubles mentaux liés à une imagination excessivement", une phrase parmis tant d'autres qui me donne envie de decouvrir encore un peu plus cet artiste !
RépondreSupprimerMerci (encore une fois) pour l'article !