mercredi 16 février 2011
Seven days in the art world
Accessible même pour ceux qui n'ont pas un grand attrait pour l'art contemporain, Seven days in the art world permet à tous les lecteurs, sans exception apparente, de se rapprocher avec ceux pour qui l'art est devenu une sorte de religion alternative.
Pendant sept jours, non situés dans la même année s'étendant donc sur une période relativement plus longue, Sarah Thornton, sociologue diplômée en Histoire de l'art, se glisse au coeur de sept systèmes liés au monde de l'art contemporain. Tour à tour, la sociologue étudie et observe en profondeur chacun de ces systèmes contemporains à savoir, la vente aux enchères New Yorkaise de Christies, maison de grande renommée, un séminaire au California Institute of the Arts, le marché annuel de Bâle, la remise du Turner prize par la Tate modern de Londres, le qg du magazine Artforum à New york, le studio de l'artiste Takashi Murakami et enfin la Biennale de Venise.
La journaliste intérimaire entre au coeur de chacun de ces domaines prescrivant une liste de questions précises conscieusement absorbées par son fidèle mégaphone. Malgré l'évidence d'une recherche extremmement poussée et détaillée, Sarah Thornton tournerait presque son enquête, nous en déplaise, en magazine people. Débutant toujours par conscieusement décrire l'allure et le style de la personne qu'elle interpèle, directeurs, marchands, artistes, journalistes, sans exception, le lecteur a alors l'impression de partager une cigarette et un café avec la personne en face, au bord d'un zinc. C'est cette impression de familiarité qui fait le trésor de l'oeuvre de la sociologue britannique en un sens où elle offre une vision simple où les principaux actifs acceuillent le simple amateur à bras ouverts dans un monde pouvant parfois paraître excessivement imperméable et dont le public s'effraie sans même essayer de l'infiltrer.
Evidemment, Thornton n'oublie pas de souligner le côté souvent élitiste et codifié de certains de ces milieux dont bon nombre d'artistes tentent d'échapper dans le but de préserver l'intégralité de leur intégrité. Cependant, chapitre aprés chapitre, le lecteur se prend petit à petit au jeu s'imaginant, à l'image d'un roman, à travers les yeux de l'auteur au coeur même de l'action de ce monde puissant constitué par les institutions contemporaines.
Le premier chapitre consacré à la vente aux enchères de Christies s'ouvre sur la préparation personnelle du chef des ventes Christopher Burge dans sa loge. A la manière de vocalises, Burge s'entraîne à énumérer le montant des pièces. La majorité de l'enquête ne s'adresse pas au moment même de la vente comme l'on pourrait s'y attendre mais sur l'avant, la préparation d'un des évènements les plus commenté à travers le monde de l'art. Avant d'entrer en scène, Thornton décripte méticuleusement chaque geste de l'équipe de la maison des ventes et l'angoisse permanente envahissant l'aura de son chef emblématique.
C'est encore là l'exactitude et la pertinence du propos de l'auteur, le choix du moment crucial, celui dont la totalité des évènements dépend, où les tensions de chacun, y compris le lecteur, atteignent leur apogée.
C'est ainsi que l'on assiste à plus de douze heures de séminaire au California Institute of the Arts, ou Colarts, dirigé par l'emblématique professeur Michael Asher. Tour à tour placés au coeur de l'amphithéâtre de l'école californienne, le lecteur assiste au passage des jeunes étudiants-artistes présentant leurs travaux à une critique collective, véritable consécration. On assiste alors à un monologue plus ou moins préparé,une réaction énigmatique d'Asher et le développement d'un débat, plus ou moins ouvert. L'audience lit, tricotte, prend note, certains se sont assoupis mais tous souffrent de l'attente d'une reaction du leader Asher. Voilà ce que Thornton nous décris consciencieusement. En réalité le propos va beaucoup plus loin qu'une description, il ouvre une porte qui nous était interdite depuis longtemps. Evidemment, tous ces évènements ne fonctionnent pas à huit clos. Et, si l'intérêt s'y prête, un nombre considérable d'ouvrages et reportages sont disponibles et accessibles au large public décrivant le fonctionnement de la grande Biennale de Venise. Cependant, une conversation avec certains participants au bord de la piscine d'un hôtel de la cité des Doges ajoute une pointe d'authenticité clairement non négligeable.
Thornton capture l'essence, la complexité et la masse de contradictions qui entourent le monde de l'art et fascinent souvent ceux qui y sont extérieurs.
The contemporary Art world is a loose network of overlapping subcultures held together by a belief in art, writes Thornton, and we are fortunate that she was able to penetrate all of these opaque, protected and often sacred littles groups.
Barbara Fisher, Boston Globe
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