dimanche 25 juillet 2010
Marée noire sur la Tamise
L’art n’a pas de sens, si ce n’est celui de nous rappeler l’énigme de l’humanité – encore une fois la chose se confirme, clairement encré dans les crises contemporaines et surtout dans les plus vifs scandales qui bouleversent nos quotidiens. A priori donc, aucun rapport entre le groupe pétrolier BP récemment responsable de la marée noire frappant le golfe du Mexique et la Tate Moderne, institution phare de l’art britannique. Les apparences sont pourtant clairement trompeuses et c’est ce que la grande majorité des artistes anglais clame aujourd’hui en manifestant devant les institutions muséales londoniennes. Crise politico-culturelle sur Londres ? Pour sûr, ce n’est pas le prince Charles qui s’en souciera, trop occupé à faire tomber les derniers projets de restauration architecturale des Chelsea Barracks.
171 artistes dénoncent donc le 28 juin dans une tribune du Guardian les liens étroits entre la Tate, le National Portrait Gallery, le British Museum ou encore le Royal Opera et le conglomérat de l’or noir dont la générosité a été grassement reçue depuis deux décennies. Jugeant que le logo BP salit la réputation internationale de la Tate et que les institutions culturelles leur permettent de "dissimuler la nature destructive de leurs activités derrière la légitimité sociale" ; les artistes londoniens dont le dramaturge Caryl Churchill, disent tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Malheureusement cette révélation semble choquante dans un premier temps pour finalement ne pas surprendre tant que ça.
Où en sont aujourd’hui les institutions muséales ? De qui dépendent-elle et surtout d’où viennent leur fonds ? La réponse évidente semblerait être du pourcentage donné à la culture par la politique mise en place. Evidemment, si l’on se met à comparer les parts de la politique culturelle des différents pays de l’union, autant s’arrêter là tout de suite. Faut-il donc se révolter à l’idée que le fond principal des plus grands musées du Royaume Uni provient d’une entreprise venant de détruire une grande part du patrimoine environnemental du golfe du Mexique, ou bêtement se réjouir de leur contribution annuelle au développement culturel ?
Les musées londoniens répondent à cela dans un communiqué commun exprimant leur reconnaissance au groupe pétrolier "pour son engagement à long terme" et sa préoccupation de "rendre disponibles à l’audience la plus large possible nos programmes artistiques" .
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